Ukraine : le gouvernement Zelensky utilise la guerre pour justifier la répression politique

Le gouvernement de Zelensky utilise l’invasion russe, d’une façon complètement cynique, pour justifier la répression contre les opposants politiques. Lors d’une allocution télévisée le 20 mars, le président Zelensky a annoncé l’interdiction de onze organisations politiques pour toute la durée d’application de la loi martiale. Si certaines de ces organisations sont grotesques, et que quelques-uns de leurs membres sont en effet favorables à l’invasion russe, aucune preuve d’une « collaboration » effective n’a néanmoins été présentée pour justifier leur interdiction.

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Si une poignée de membres de ces organisations ont effectivement applaudi à l’invasion, la plupart d’entre elles ne sont coupables que d’être hostile au gouvernement Zelensky. Parmi ces organisations se trouve l’« Opposition de Gauche », héritière du Parti Communiste d’Ukraine (PCU) dont les activités avaient été rigoureusement limitées en 2015 par les lois de « décommunisation ». Il faut souligner que cette interdiction a été grandement facilitée par l’attitude de son parti frère, le Parti Communiste de la Fédération de Russie. Celui-ci a en effet honteusement appuyé l’invasion de Poutine et s’est donc aliéné les travailleurs ukrainiens opposés à l’invasion russe.

Aucune preuve n’a non plus été apportée pour justifier l’interdiction du principal parti de l’opposition bourgeoise (le « Bloc d’Opposition »), partisan de longue date d’un rapprochement économique avec la Russie. La situation est encore plus risible en ce qui concerne la « Plate-forme d’opposition – Pour la vie » (PO-PV – centre-droit), qui dispose de 43 députés à la Rada, le parlement ukrainien. La PO-PV a récemment exclu de ses rangs un de ses députés, car il avait soutenu l’invasion russe, a publiquement condamné cette dernière et a même appelé ses membres à s’engager dans la Défense Territoriale. Zelensky n’en a pas moins annoncé son interdiction pour « collaboration avec l’agresseur ». Il faut dire que la PO-PV était arrivée en seconde place aux dernières élections législatives en 2019, avec 1,9 million de voix (13 % des suffrages). A eux trois, les partis représentés au Parlement qui viennent d’être dissous représentaient alors près de 2,7 millions d’électeurs (soit 18 % des suffrages).

D’autres partis qui ne sont pas représentés au parlement semblent avoir été interdits parce que leur nom comprend les mots « socialiste » ou « gauche », ou parce que leur électorat est essentiellement russophone. Tout ceci n’a rien à voir avec la défense nationale, c’est une tentative du parti de Zelensky pour s’arroger un monopole sur le pouvoir politique après un potentiel cessez-le-feu.

Dans le même mouvement, Zelensky a aussi utilisé les pouvoirs que lui donne la loi martiale pour regrouper toutes les chaînes de télévision du pays dans un seul groupe soumis au contrôle du gouvernement. Cela lui permet notamment de réduire au silence une chaîne liée à l’ancien président (de droite) Petro Poroshenko, qui avait récemment critiqué l’abandon par Zelenskiy des demandes d’entrée dans l’OTAN. Il ne s’agissait sans doute là que d’une manœuvre politicienne de Poroshenko, qui espère toujours revenir au pouvoir. Le fait n’en reste pas moins que le gouvernement a maintenant interdit la diffusion à la télévision de toutes les voix critiques, y compris celles qui ne pouvaient pourtant pas être soupçonnées d’être favorables à l’invasion russe.

Par ailleurs, de multiples arrestations de militants d’opposition ou de gauche ont été signalées dans de nombreuses villes. Par exemple, le journaliste Yuriy Tkachev du journal Timer a été arrêté chez lui à Odessa par la sécurité intérieure (SBU). Tkachev a écrit sur le conflit de façon objective, c’est-à-dire notamment en décrivant les ravages causés par les bombardements russes. Il n’en a pas moins été arrêté et accusé de possession d’armes et d’explosifs. Tkachev était surtout un vieil ennemi des nationalistes ukrainiens, car il a joué un rôle clé pour faire connaître au public la réalité du massacre d’Odessa le 2 mai 2014. Les nationalistes avaient alors incendié la Maison des Syndicats de la ville et brûlé vives les 42 personnes qui s’y trouvaient.

Des arrestations de militants sont rapportées tous les jours. Nous devons nous opposer aux manœuvres cyniques de Zelensky qui persécute sans aucune preuve l’opposition politique. Il ne fait pas de doute que le pouvoir espère qu’en utilisant ces accusations calomnieuses de « collaboration », il pourra démoraliser toute potentielle future opposition quand les choses reviendront à la normale et au règne de l’oligarchie. C’est pour cela que tellement d’organisations différentes ont été visées en bloc par cette répression.

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