Coup de filet policier contre des membres de l’organisation Herrira

Ce lundi 30 septembre la garde civile espagnole est entrée dans tous les locaux de Herrira dans plusieurs villes du Pays basque, Hernani, Bilbao, Pampelune et Vitoria. Sur ordonnance du juge d’instruction numéro 6 de l’Audience Nationale et sous la direction du le juge Eloy Velasco, 18 membres de cette organisation ont été arrêtés, et se trouvaient à la caserne de la Guardia Civil de Tres Cantos de Madrid. Ils n’ont pas été mis au secret et affirment ne pas avoir subi de pressions, ou de violences physique durant les interrogatoires. Ils ont ensuite été libérés.

Créé il y a un an et demi, à la suite de l’annonce de la fin de la « lutte armée » par l’organisation ETA et dans ce processus même, Herrira a centré son travail sur la reconnaissance des droits des prisonniers issus du conflit basque, en étendant ses revendications à l’échelle européenne. Aujourd’hui, la justice espagnole l’accuse d’avoir fait « l’apologie du terrorisme » et d’avoir « intégré » et « financé une bande armée ».

Dans le cadre de cette opération, l’Audience Nationale a aussi bloqué les comptes bancaires de l’organisation et a ordonné la fermeture de « 32 profils sur Twitter, 125 profils sur Facebook et 38 pages Web ».

Les arrestations ne se sont pas passées sans violence et entre autre, la sénatrice de la coalition Amaiur, Gauche Abertzale, a été violemment blessée à la tête, après avoir reçu un coup de la part d’un ertzaina (policier de la police autonome basque Ertzaintza). Elle a dénoncé ces faits publiquement avec plusieurs membres du groupe politique EH Bildu. Il est important de noter que la Ertzaintza était présente « pour maintenir l’ordre public », ce qui indique que le gouvernement autonome basque, le parti nationaliste bourgeois PNV, était au courant de l’opération et qu’il y a apporté son appui.

De nombreux partis, organisations et syndicats se sont réunis pour apporter une réponse à cette action. Ils ont appelé à une manifestation qui s’est déroulée le samedi 6 octobre à Bilbao, et a rassemblé plusieurs milliers de personnes. Aussi, 6 syndicats nationalistes (ELA, LAB, ESK, STEE-EILAS, EHNE et HIRU) ainsi que la CGT et la CNT ont appelé à une grève de deux heures le vendredi 5 entre midi et deux pour dénoncer ce qu’ils appellent une « sauvagerie injustifiée » et demandant la mise en liberté immédiate des détenus.

Serrant un peu plus l’écrou de la répression, la délégation du gouvernement de Navarre a interdit les rassemblements organisés par les syndicats pour protester contre ces arrestations.

Ces arrestations vont dans la continuité d’une vague puissante de répression, qui a vu ces dernières semaines l’acceptation par la justice française du mandat d’arrêt européen contre le porte-parole des réfugiés politiques basques (EIPK) Jokin Aranalde, l’arrestation d’Asier Guridi au Venezuela et l’extradition par Paris de Patxi Segurola.

Malgré l’annonce de l’ETA de « l’arrêt définitif de l’activité armée », la politique répressive de l’Etat espagnol envers le mouvement abertzale n’a pas cessé, continuant les arrestations, criminalisant des organisations politiques, etc. La question des prisonniers est une question essentielle des droits humains les plus élémentaires. Ce que Herrira défend à travers ses activités c’est justement l’application de la politique pénitentiaire légale, dont, entre autre, le rapatriement des prisonniers au Pays basque.

Justement, Herrira est dans l’attente de la réponse de la Cour européenne des droits de l’homme sur la doctrine 197/2006 (dite « Parot »), qui prolonge les peines de détention des prisonniers basques. Selon Émilie Martin, porte-parole de Herrira. « L’État espagnol a d’une certaine façon donné sa réponse à ce procès [par le biais de cette opération] ». La cour européenne des droits de l’homme a déjà échoué contre la nommée « doctrine Parot », mais le gouvernement espagnol a fait un recours. L’application des bénéfices normaux et légaux signifierait la libération de nombreux prisonniers.

Cette arrestation en masse montre de manière évidente que l’Etat espagnol cherche à criminaliser la défense des droits des prisonniers politiques basques, et à prolonger la période politique de pacte antiterroriste qui lui permet interdictions, arrestations et autres écarts de la justice officielle en maintenant un état d’exception, considérant que « tout est ETA ».

Cette dernière vague répressive contre Herrira est plus scandaleuse encore qu’elle se produit au moment même où des maires, des responsables publics et des militants du Parti populaire au pouvoir, se trouvent être impliqués dans la défense et l’apologie du régime franquiste. En effet, il a été révélé que Emilio Hellín, un des assassins fascistes de Yolanda González (militante d’extrême gauche assassinée en 1980), qui avait été condamné et s’était enfui, a en réalité travaillé il y a très peu de temps pour les corps de sécurité de l’Etat.

En tant que marxistes de la Tendance Marxiste Internationale nous dénonçons cette nouvelle attaque des droits démocratiques et de la liberté d’expression et soutenons le peuple basque dans sa lutte pour la défense de ces droits.

Itziar, TMI

Translation by La Riposte: Coup de filet policier contre des membres de l’organisation Herrira