Gaëtan, Yann… Solidarité ! Mobilisation !

Le 1er avril, Gaëtan Demay, étudiant à l’université de Toulouse-Le Mirail, militant du NPA et de Solidaires-Etudiants, a été condamné à deux mois de prison fermes, quatre mois de sursis et 1100 euros d’amende. Son délit ? Avoir participé, en novembre dernier, à une manifestation en hommage à Rémi Fraisse, le jeune militant écologiste tué par un gendarme à Sivens. La manifestation avait été interdite par la préfecture de la Haute-Garonne, qui ces derniers temps multiplie de telles interdictions. Le motif qu’elle invoque pour justifier cette violation de nos droits démocratiques est invariable : «  éviter des violences ». Mais comme la jeunesse manifeste tout de même, ne serait-ce que pour défendre ce droit démocratique, il y a effectivement des violences – des violences policières délibérées, orchestrées, dans le but d’intimider les manifestants et de justifier a posteriori l’interdiction de la manifestation.

La condamnation de Gaëtan obéit à la même logique. Il ne s’agit pas d’une décision de «  justice » isolée, accidentelle. Il s’agit d’une peine exemplaire, dont l’inspiration politique remonte au plus haut niveau de l’Etat, et qui à travers un jeune militant vise tous les militants, tous ceux qui se battent contre les injustices et la répression. A travers eux, c’est la capacité de résistance de la jeunesse et du salariat dans son ensemble qui est visée, dans un contexte où la classe dirigeante a besoin de nouvelles contre-réformes draconiennes pour sauvegarder ses marges de profits. L’Etat bourgeois apparaît ici dans son essence, dépouillé de tout le décorum « démocratique » et « républicain », comme l’appareil de répression au service des grands capitalistes.

Gaëtan est accusé «  d’outrage » et de «  violence à agents ». Lui et ses camarades rejettent ce mensonge. En outre, ce chef d’accusation doit être retourné à l’envoyeur. L’outrage et la violence sont du côté des forces de l’ordre qui, en toute impunité, répriment des manifestations pacifiques et, chaque jour, provoquent, insultent, brutalisent des jeunes sélectionnés «  au faciès ». Même s’ils le voulaient, jamais des manifestants ne pourraient se livrer au centième des outrages et violences dont tant d’«  agents » sont responsables dans ce pays.

La criminalisation du militantisme – notamment syndical – n’est pas un phénomène nouveau. Mais il est clair qu’un seuil est désormais franchi. Le 13 janvier dernier, déjà, le syndicaliste Sud PTT Yann Le Merrer était révoqué par sa hiérarchie. Cette sanction, la plus lourde qui puisse viser un fonctionnaire, n’avait pas concerné un syndicaliste – en réponse à des faits syndicaux – depuis 1951. A cela s’ajoute la campagne, inédite, actuellement menée, dans plusieurs villes du pays, pour expulser les syndicats des Bourses du travail qu’ils occupent depuis de nombreuses décennies.

Le NPA a lancé une campagne nationale et internationale de solidarité avec Gaëtan Demay, sous le titre : «  Pas de prison pour Gaëtan et tous les condamnés pour avoir manifesté !  » Révolution et la Tendance Marxiste Internationale s’y associent pleinement. Cette campagne a déjà rencontré un important écho. Mais la mobilisation doit s’accroître, franchir un nouveau seuil, car il est clair qu’un seuil a été franchi par nos adversaires. Cette atteinte flagrante à nos droits démocratiques – et non seulement à la liberté de Gaëtan – doit susciter une réaction vigoureuse et déterminée de l’ensemble du mouvement ouvrier français, des organisations syndicales et des partis de gauche.

Enfin, cette situation donne toute la mesure de l’hypocrisie qui s’est déversée dans les grands médias, après l’attentat contre Charlie Hebdo, sur le thème de la «  défense de la liberté d’expression ». La liberté de manifester n’en ferait donc pas partie ? A l’époque, nous prévenions que le gouvernement exploiterait la tragédie du 7 janvier pour s’en prendre aux droits démocratiques des travailleurs, sous prétexte de «  lutter contre le terrorisme ». C’est chose faite, notamment, avec le scandaleux projet de loi sur le renseignement, qui «  limite des libertés » pour, paraît-il, sauvegarder « la liberté ». La liberté de se moquer du monde, assurément. Pour le reste, nos libertés et droits démocratiques devront être défendus par nos méthodes, celles du mouvement ouvrier et de la lutte des classes. Le cas de Gaëtan en souligne l’urgence.

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