Critique du « populisme de gauche »

Des dirigeants de plusieurs partis de la « gauche radicale », notamment en Europe, se réclament d’un « populisme de gauche ». C’est le cas de dirigeants de Podemos, en Espagne, mais aussi de dirigeants de la France insoumise. En Belgique des dirigeants du PS comme Paul Magnette ou des syndicalistes de la FGTB y font référence. Parmi les intellectuels qui ont tenté de donner un fondement théorique au « populisme de gauche », Ernesto Laclau et Chantal Mouffe occupent une place centrale.

[Source]

Nous publions ci-dessous de larges extraits d’un article publié récemment par nos camarades de Lucha de clases, section espagnole de la Tendance Marxiste Internationale. Il s’agit d’une analyse marxiste – et critique – des idées de Mouffe et de Laclau.

Ernesto Laclau (1935-2014) est un intellectuel argentin qui a passé la plus grande partie de sa carrière à l’université de l’Essex, en Angleterre. Il vient d’une tradition marxiste, mais, dans les années 80, il a commencé à remettre en cause les idées fondamentales du marxisme, notamment dans son livre Hégémonie et stratégie socialiste, écrit en 1985 avec sa compagne et collaboratrice, la politologue belge Chantal Mouffe. Tous deux se qualifient de « post-marxistes » et ont développé leurs idées dans Emancipation et (1996) et dans La raison populiste (2005), entre autres.

Leurs théories reposent sur l’abandon de la conception matérialiste de la société. L’un des fondements du marxisme est l’idée que l’être social détermine la conscience : les conditions matérielles d’existence d’un individu, sa position dans la structure économique et sociale, conditionnent ses idées et sa manière de voir le monde. De même, le mode de production dominant d’une société donnée et son niveau de développement général déterminent, en dernière analyse, sa culture et son système politique. Ce ne sont pas les idées qui « font » l’histoire ; c’est le développement technologique et économique de la société qui, en dernier ressort, détermine l’histoire des idées.

Marx a prouvé que le développement des forces productives est le moteur de l’histoire. Il détermine – à travers de grandes crises et des révolutions – la succession de systèmes sociaux toujours plus complexes. Ce processus n’est pas linéaire : il est marqué par des conflits et des ruptures brutales, car les changements profonds sont le fruit d’une lutte constante entre les facteurs nouveaux (qui se renforcent) et les anciens (qui dépérissent).

Laclau et Mouffe rejettent tout cela. Ils récusent toute « morphologie sous-jacente de l’histoire ». Ils soutiennent que le développement économique dépend de la vie politique – et que celle-ci assure la direction fondamentale du processus historique. Ils parlent d’« autonomie de la politique », pour désigner l’indépendance et le primat de la politique sur l’économie. Ils rejettent l’idée que de grandes lois et de grands processus gouvernent l’histoire. Celle-ci serait complètement aléatoire, captive des avatars de la politique. « L’histoire est radicalement ouverte », concluent-ils.

Problème : ces idées contredisent toute l’histoire de l’humanité. Une analyse générale de l’histoire suffit à démontrer que les philosophies et les systèmes politiques nouveaux se développent au crépuscule d’anciens systèmes socio-économiques – et lorsque de nouveaux systèmes socio-économiques commencent à s’y substituer. Ainsi, l’Etat naît dans la foulée de la « révolution néolithique », marquée par le développement de l’agriculture et de l’élevage. Le christianisme se développe du fait de la crise de l’Empire romain et du système esclavagiste. Le protestantisme, le libéralisme et les « Lumières » s’enracinent tous dans la crise du système féodal, à l’aube du développement de la bourgeoisie capitaliste. Enfin, le socialisme moderne naît avec le prolétariat et la révolution industrielle du XIXe siècle.

Le niveau de développement technologique et économique d’une société fixe donc des limites au développement des idées. Bien sûr, les idées jouent un rôle clé dans l’histoire, mais elles jouent ce rôle dans des limites imposées par le développement des forces productives. En outre, les idées jouent un rôle non pas comme facteur extérieur au développement matériel, mais comme sa partie la plus consciente et sophistiquée. En effet, la conscience humaine est un produit de la matière. Certes, la conscience a des caractéristiques et un fonctionnement propres, mais elle fait partie intégrante d’une réalité matérielle qui la conditionne et dont elle ne peut se dissocier.

Le « discours » et le langage

Rejetant le matérialisme, Laclau et Mouffe affirment que la réalité se construit au niveau « discursif », c’est-à-dire au niveau des symboles et du langage. Ils disent ne pas remettre en cause l’existence d’une réalité extérieure à l’esprit humain. Cependant, ils affirment que cette réalité est privée à priori d’attributs et de valeurs, lesquels découleraient intégralement du langage humain.

Cette position philosophique est contradictoire : si la réalité est privée de toute valeur préalable à sa conception subjective par la conscience humaine, c’est qu’il n’existe rien en dehors des idées et du langage, que toute réalité se construit exclusivement dans ce domaine. Un caillou, un fleuve ou un arbre existeraient seulement comme entités « discursives », uniquement dans le langage humain. « Notre analyse, expliquent Mouffe et Laclau, réfute la distinction entre pratiques discursives et non discursives (...) dans la mesure où aucun objet n’est donné en dehors de sa condition discursive d’apparition ». En perdant tout point de référence matériel, le mouvement des idées et du langage devient complètement aléatoire – et l’histoire, elle, devient une libre succession de discours arbitraires.

En réalité, comme la politique et la culture en général, les idées et le langage sont subordonnés à la réalité matérielle. Le langage est le produit de généralisations et d’abstractions que les êtres humains formulent sur la base des objets et des processus du monde matériel, qu’ils perçoivent à travers leurs cinq sens et formalisent en mots et en concepts. En développant un haut niveau d’abstraction, le langage acquiert une certaine autonomie par rapport aux phénomènes qui lui ont donné naissance. Le langage est donc dynamique et changeant, mais il reste façonné dans l’argile de la réalité matérielle, qui lui impose des conditions et des limites infranchissables.

Pour les marxistes, ce que Laclau appelle les « identités politiques » (être « de gauche », « de droite », nationaliste, libéral ou communiste, etc.) fonctionne de façon semblable au langage. Ces « identités politiques » homogénéisent et mettent en ordre, de manière plus ou moins consciente, l’expérience des groupes sociaux distincts. Fruits de généralisations d’une réalité changeante et relativement hétérogène, les « identités politiques » ne recouvrent pas complètement les groupes et classes sociales, certes. Mais il est clair qu’elles en dépendent et en sont une émanation.

Les « signifiants vides »

Mouffe et Laclau s’appuient sur leur théorie de « l’autonomie du politique » pour affirmer que la formation des identités et de la conscience politiques dépend du discours des différents partis, de leur capacité à convaincre et à mobiliser les gens, à « articuler » de nouvelles « affinités » entre eux. Pour ces deux auteurs, il n’existe pas d’intérêts de classe. Les salariés n’auraient pas d’intérêt particulier pour le socialisme. Les intérêts et les comportements des masses seraient totalement malléables, sujets aux flux et reflux de la politique. « Si les forces sociales, écrit Laclau, sont l’agrégation d’une série d’éléments hétérogènes, unis à travers une articulation politique, il est clair que cette articulation est constitutive et basique, et non l’expression d’un mouvement sous-jacent plus profond ».

Laclau appelle « hégémonie » l’aptitude à transformer la conscience de la population. Cette hégémonie dépendrait, en dernière analyse, de la capacité à s’approprier et à utiliser des « signifiants vides », c’est-à-dire des symboles et des concepts suffisamment transversaux, imprécis, pour permettre de rassembler toute la société et construire un « bloc historique », un « peuple », une communauté diverse, mais dotée d’une identité politique largement partagée, construite en général sur la base d’une opposition entre un « eux » et un « nous ».

Ces symboles « vides » sont habituellement des concepts vagues tels que « patrie », « liberté » ou « démocratie », auxquels tout le monde peut s’identifier. Ainsi, Laclau et Mouffe plaident pour que la gauche abandonne la lutte pour le socialisme, un concept considéré comme « déterministe » et « téléologique ». Ils proposent que la gauche se base plutôt sur des signifiants vides, le tout étant censé constituer une stratégie de « démocratie radicale ».

Ici, une contradiction saute aux yeux : si la politique est autonome et ne dépend pas de la position économique des individus, de leur position de classe, alors tous les signifiants sont « vides » : tout symbole ou concept peut être persuasif. Mais, précisément, le fait que seuls des termes vagues et confus puissent résonner dans la totalité de la population démontre que les classes sociales génèrent des points de vue et des intérêts contradictoires. Ne peuvent être « partagés par tous » que des concepts très vagues, dont le contenu est en réalité différent – voire opposé – suivant la classe sociale qui se les approprie. Pour un grand patron, par exemple, la « démocratie » signifie un Etat fort, efficace, qui garantit et protège les intérêts des capitalistes, sans s’immiscer dans leurs affaires. Pour les travailleurs, la « démocratie » désigne surtout leur capacité à prendre leur destin en main, dans le but d’en finir avec l’exploitation et la misère que leur impose le système capitaliste.

En outre, la théorie des signifiants vides ne tient pas compte du fait que la conscience des classes peut changer très rapidement. Les masses apprennent par l’expérience : leur acceptation des symboles et des concepts peut subir tout type de renversement, à mesure que les idées et les programmes sont soumis à l’épreuve des faits. Une période révolutionnaire, par exemple, constitue une rupture radicale avec les idées du passé. Elle ouvre la voie à des idées nouvelles. Par exemple, en janvier 1905, en Russie, les ouvriers manifestaient en brandissant des images du tsar Nicolas II. Le prestige du tsar formait l’un de leurs « signifiants vides » au début de cette révolution. Mais cela changea du jour au lendemain, lorsque le tsar donna l’ordre de tirer sur la foule. Son image ne fut plus vénérée, mais haïe par les masses.

La notion de signifiant vide est donc statique et formaliste. Elle se fonde sur les idées et symboles bourgeois qui pullulent dans les phases de reflux et de dépolitisation, quand l’inertie et l’apathie portent les masses à accepter les mantras de la classe dirigeante. La plupart des signifiants vides dont parlent Mouffe et Laclau, comme la liberté et la démocratie, viennent des grandes révolutions bourgeoises du XVIIIe siècle. Ils furent mobilisés au cours de ces révolutions par la bourgeoisie, dans le but d’unifier la nation contre l’Ancien Régime. Aujourd’hui, ces termes peuvent encore avoir une certaine résonance, mais pas de manière abstraite. La bourgeoisie a depuis longtemps cessé de jouer un rôle progressiste. Les nations sont profondément divisées entre exploiteurs et exploités. En conséquence, des termes comme « liberté » et « démocratie » n’ont de sens, du point de vue des travailleurs, que s’ils sont associés à des contenus révolutionnaires, s’ils sont liés à la lutte contre la classe capitaliste.

Laclau et Mouffe s’opposent aux idées et au programme du socialisme. Ils redoutent que le socialisme mette fin aux conflits sociaux – et donc à la politique en tant que telle. Ne nous attardons pas, ici, sur cette idée étrange et d’ailleurs discutable. Ce qui est clair, c’est que les principaux problèmes de la société actuelle sont étroitement liés au capitalisme : le chômage, la précarité, l’absence de perspectives pour la jeunesse, les inégalités, l’austérité, la destruction de l’écosystème, les guerres, le racisme, le fondamentalisme, etc. L’aggravation de ces problèmes découle du fait que le capitalisme a atteint ses limites, comme système socio-économique. Ce système entraîne une exploitation toujours plus aiguë des travailleurs, des crises de surproduction et des guerres impérialistes. Autrement dit, il conduit l’humanité au déclin, au chaos et à la désagrégation morale et matérielle.

On ne pourra sortir de cette impasse que par des mesures socialistes, c’est-à-dire par l’expropriation de la bourgeoisie et la planification démocratique de l’économie. Tout mouvement qui lutte de manière conséquente pour résoudre les problèmes du capitalisme ne peut que s’orienter vers le socialisme, qui n’est pas un « signifiant vide », mais la seule alternative à la barbarie capitaliste.

Le rôle de la classe ouvrière

Mouffe et Laclau affirment que la classe ouvrière n’existe pas en tant que telle, du fait de sa fragmentation et de son identité changeante. Selon eux, la conscience sociale des travailleurs obéit, au fond, aux mêmes mécanismes que la conscience sociale de ce que Marx appelait le lumpenprolétariat, c’est-à-dire le « sous-prolétariat » : les éléments déclassés et démoralisés de la société, qui vivent aux marges de l’économie et se livrent parfois à des activités plus ou moins criminelles.

« L’identité politique » de ce groupe social fluctue considérablement, en effet, du fait de ses conditions de vie marginales et très instables. Mais nous ne voyons aucune raison d’en faire le modèle de la conscience sociale de la classe ouvrière ! Pour accomplir ce tour de passe-passe, Mouffe et Laclau attribuent aux marxistes l’idée absurde selon laquelle la classe ouvrière serait une entité complètement homogène, « absolument unie » et « transparente à elle-même », dotée d’une conscience de classe claire et inaltérable. Et comme il n’en est pas ainsi, dans les faits, c’est que les marxistes se trompent – et qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre la conscience sociale du « sous-prolétariat » et celle du salariat !

Rappelons la véritable position marxiste sur cette question. La division de la classe ouvrière en différentes couches aux niveaux de conscience et d’organisation différents est le produit de conditions de vie et de travail diverses : travailleurs qualifiés ou pas, manuels ou intellectuels, dans des petites ou des grandes entreprises, dans de grands centres urbains ou dans des villages, natifs ou immigrés, hommes ou femmes (lesquelles sont doublement exploitées), etc. Cependant, cette diversité n’exclut pas une communauté d’intérêts et une commune condition d’exploités.

Il est évident que dans les phases de défaite et de reflux, ou encore de boom ou de stabilisation capitalistes, la classe ouvrière se fragmente davantage. Sa majorité tombe alors sous l’influence de la bourgeoisie et de ses agents au sein du mouvement ouvrier. Mais la situation change dans des conditions de crise, qui obligent les masses à lutter, à chercher des solutions à ses problèmes les plus brûlants. Dans ce contexte, les différents secteurs de la classe ouvrière sont poussés dans la même direction, retrouvant peu à peu leurs intérêts communs et leur force collective. Ce processus se développe à travers l’expérience de la lutte elle-même, qui passe par toute une série d’étapes plus ou moins convulsives.

En outre, pour les marxistes, la classe ouvrière a une double importance comme force révolutionnaire. D’une part, sa concentration dans de grands centres urbains et industriels, le caractère collectif de son travail et son expérience directe de l’exploitation facilitent le développement de sa conscience révolutionnaire et anticapitaliste, ainsi que la constitution de forts liens de solidarité de classe. D’autre part, cette centralité économique de la classe ouvrière la met en situation de prendre le contrôle des principaux leviers de l’appareil productif – et de planifier démocratiquement et collectivement l’économie, dans l’intérêt de toute la société. Ces caractéristiques fondamentales distinguent le salariat de classes sociales plus hétérogènes, comme la paysannerie ou la petite-bourgeoisie.

Contrairement à ce qu’affirment Mouffe et Laclau, le marxisme n’a donc jamais prétendu que la classe ouvrière était toujours révolutionnaire et toujours unie. Mais il existe une tendance à l’unité révolutionnaire des travailleurs, qui vient de la position qu’ils occupent dans le système capitaliste. Certes, cette tendance est contrebalancée par d’autres tendances : l’impact des défaites passées, le manque de temps libre pour faire de la politique, les concessions que font les capitalistes dans les périodes de prospérité, la propagande bourgeoise et, surtout, la corruption des directions politiques de la classe ouvrière, sous les pressions diverses (matérielles et idéologiques) de la classe dirigeante. Mais malgré tout cela, l’histoire du XXe siècle démontre que la tendance à la lutte et à l’unité finit toujours par réémerger avec force, même après de longues périodes d’inertie. Et nous ne voyons aucune raison pour qu’il en soit autrement à l’avenir.

La révolution démocratique et l'expérience latinoaméricaine

Laclau et Mouffe ont observé de près les expériences de la gauche latino-américaine dans les années 2000. Un processus révolutionnaire est nécessairement confus et oscillant dans ses toutes premières étapes. C'est d'autant plus vrai après des années de défaites. Par la suite, le mouvement révolutionnaire acquiert plus de clarté, sur la base de l'expérience des masses. Quand une révolution commence, elle s'occupe souvent des tâches les plus immédiates. Dans les pays d'Amérique latine, qui n'ont pas connu d'authentiques révolutions bourgeoises, ces tâches concernent souvent des aspects de la démocratie bourgeoise, tels que la lutte pour la souveraineté nationale contre l'impérialisme, la lutte contre la corruption et contre les abus les plus scandaleux, etc.

Dans le cas du Venezuela, des conditions économiques et politiques exceptionnellement favorables (le prix élevé du pétrole, qui a permis des réformes ambitieuses dans le cadre du capitalisme, et la faiblesse relative des Etats-Unis, embourbés au Moyen-Orient) ont contribué à prolonger la phase réformiste de la révolution pendant plus d'une décennie. Or c'est précisément cette limite du processus révolutionnaire qui est élevée en modèle par Mouffe et Laclau. Ils élèvent la confusion au rang de théorie politique, confondent le nouveau-né avec l'adulte, développent l'idée que la révolution ne doit pas mûrir, ne doit pas dépasser la phase démocratique bourgeoise et ne doit pas, donc, aborder la phase socialiste.

Cela revient à promouvoir la collaboration de classe. Les conséquences en sont visibles précisément au Venezuela, où la réaction est à l'offensive pour liquider la révolution. Si une révolution ouvrière se maintient dans les limites de l'économie de marché, elle va tout droit à la défaite. L'histoire nous l'a montré à de très nombreuses reprises, comme par exemple lors de la guerre civile espagnole ou lors de la révolution sandiniste au Nicaragua.

On a pu constater plus récemment dans toute l'Amérique latine, et en particulier au Venezuela, qu'il est impossible de maintenir un processus révolutionnaire dans des limites bourgeoises et réformistes. Après des années de mobilisations et de luttes, les masses latino-américaines comprennent que le capitalisme impose des limites féroces à leurs aspirations.

Ce n'est pas un hasard si tous les gouvernements de gauche en Amérique latine se débattent dans une crise profonde. Ils doivent décider : se plier à la pression et au chantage de plus en plus violent de la classe dirigeante – ou exproprier cette dernière. Jusqu'à présent, ils ont toujours choisi la première option. Il n'y a pas de demi-mesure : l'alternative est, finalement, soit la révolution socialiste, soit le retour au pouvoir de la bourgeoisie réactionnaire.

La seule alternative sérieuse à la crise du capitalisme c'est le socialisme. Le système est grevé par les dettes, par la surproduction et par la récession économique. Il ne peut pas se permettre des concessions et des réformes progressistes. Il ne peut que lancer des attaques et des politiques d'austérité de plus en plus sévères contre la classe ouvrière et les masses en général. Cela s'est vu très clairement en Europe avec l'expérience grecque et la trahison de Tsipras.

Libérée du grand Capital, une économie socialiste planifiée pourrait utiliser l'énorme accumulation de la richesse, la technologie et les ressources humaines qui existent dans la société, pour augmenter considérablement le niveau de vie de la population et offrir une vie digne à l'ensemble de la population mondiale. La défense sans concession d'un programme socialiste peut gagner la majorité de la population. Cette dernière apprend par l'expérience que le problème n'est pas le choix entre tel ou tel slogan, tel ou tel homme politique, mais le renversement de tout un système, sans quoi il sera impossible de vraiment changer les choses.

Malgré les déclarations sur la « fin de l'histoire », la vieille taupe de l'histoire continue de creuser. Nous sommes au milieu d'une crise du capitalisme sans précédent et d'un processus de radicalisation et de polarisation de classe qui s'intensifie dans des pays de plus en plus nombreux. Les prévisions de Marx sont en train de s'avérer correctes. Un parti qui veut vraiment changer la condition de la classe ouvrière et des classes subalternes doit indiquer la perspective du socialisme comme une étoile polaire. Et le marxisme comme boussole. Il n'est possible de se lancer à « l'assaut du ciel » qu'au moyen d'un programme socialiste.